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| HISTOIRES D'EAUX et de mares aux grenouilles | |
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59pili
Messages : 91 Date d'inscription : 25/04/2010 Age : 104 Localisation : Pile-Poil au centre d'un Nord multiculturel
| Sujet: HISTOIRES D'EAUX et de mares aux grenouilles Mar 7 Sep - 9:53 | |
| REINE GRENOUILLE En un certain royaume, en un certain État, vivaient un tsar et une tsarine qui avaient trois fils, tous trois jeunes et si vaillants, si bien faits que la plume se refuse à les dépeindre, la bouche à les conter! Le plus jeune s'appelait prince Ivan. Lorsqu'ils furent en âge de se marier, le roi les réunit et leur dit : «Mes fils bien-aimés, avant d'être vieux, j'aimerais bien vous marier afin de pouvoir contempler vos enfants, mes petits-fils et petites-filles.» Les trois fils répondirent à leur père: «Qu'il en soit selon ta volonté, père, donne-nous ta bénédiction. Qui désires-tu nous donner pour femmes?» «Eh bien, voici, mes fils; prenez vos arcs, sortez en rase campagne et tirez une flèche: là où la flèche tombera, votre destin vous attendra.» Les fils du roi s'inclinèrent devant leur père; ils prirent chacun une flèche, sortirent en rase campagne, puis tendirent leurs arcs et tirèrent. La flèche de l'aîné tomba dans la cour d'un seigneur, et la fille du seigneur la ramassa. La flèche du cadet tomba dans la vaste cour d'un riche marchand, et la fille du marchand la ramassa. Quant au benjamin, le prince Ivan, sa flèche s'éleva dans les airs et s'envola pour aller atterrir nul ne savait où. Le prince Ivan dut marcher, marcher et marcher pour retrouver sa flèche. Il arriva enfin près d'un étang et que vit-il?.. Une grenouille qui tenait la flèche entre ses pattes. Le prince Ivan lui dit:«Grenouille, grenouillette, rends-moi ma flèche.» Mais la grenouille lui répondit: « Prends-moi pour épouse !» «Tu n'y penses pas! Comment puis-je épouser une grenouille !» «Crois-moi, tel est ton destin.» Le prince Ivan se désespéra. Mais que faire? Il prit donc la grenouille et la ramena chez lui. Le roi organisa trois festins magnifiques: il maria son fils aîné à la fille du seigneur, il maria son fils cadet à la fille du marchand et il maria le pauvre prince Ivan à la grenouille. A.Kosterin. "Reine-grenouille"Baguier. 1967 Kholouï Le roi, un jour, convoqua ses fils: «Je veux savoir laquelle de vos femmes est la plus habile de ses doigts. Qu'elles me cousent une chemise pour demain.» Les trois fils s'inclinèrent devant leur père et s'en furent. Le prince Ivan revint chez lui, s'assit et se prit la tête entre les mains. Et la grenouille sur le plancher de sauter et de lui demander: «Pourquoi, prince Ivan, as-tu la tête basse? Aurais-tu donc quelque chagrin?» «Mon père ordonne que tu lui couses une chemise pour demain.» La grenouille alors répondit: «Ne t'afflige pas, prince Ivan, va plutôt dormir: la nuit porte conseil.» Le prince Ivan s'en alla dormir, et la grenouille sauta d'un bond sur le perron; elle rejeta sa peau de grenouille et se transforma en Vassilissa la Sage, dont la beauté est bien plus grande que contes ou légendes ne peuvent la décrire. Vassilissa la Sage frappa dans ses mains et s'écria: «Mes nounous, hâtez-vous, préparez-vous! Cousez-moi pour demain matin une chemise aussi belle que celle que porte mon père.» Le lendemain matin, le prince Ivan s'éveilla, vit la grenouille sur le plancher et la chemise sur la table enveloppée dans une serviette. Comme il se réjouit ! Il apporta la chemise à son père. Le roi était en train de recevoir les présents que lui avaient apportés ses fils aînés. Le plus âgé déplia sa chemise, le roi la regarda et déclara: « Cette chemise est bonne à porter dans une isba enfumée !» Le fils cadet déplia sa chemise, et le roi s'écria: «Elle est bonne pour aller au bain ! » Alors le prince Ivan déplia sa chemise, ornée de merveilleux dessins en fils d'or et d'argent. Le tsar s'exclama en la voyant: «Voilà une chemise à porter les jours de fête!» En revenant chez eux, les deux frères aînés se dirent tout étonnés: «Certes, nous avions bien tort de nous moquer de l'épouse du prince Ivan; elle n'est pas simple grenouille, mais véritable sorcière.» Le roi fit à nouveau appeler ses fils: «Que vos épouses me cuisent du pain pour demain matin? Je veux savoir quelle est celle qui cuisine le mieux.» Le prince Ivan baissa la tête et revint chez lui. Alors la grenouille lui demanda: «Pourquoi as-tu du chagrin?» Et Ivan répondit: «II te faut préparer un pain pour le donner au roi demain.» «Ne t'afflige pas, prince Ivan, va plutôt dormir, la nuit porte conseil.» Quant aux épouses des deux frères, qui d'abord s'étaient tant moquées, elles envoyèrent une vieille servante pour bien observer et venir leur raconter comment la grenouille ferait cuire le pain. Mais la grenouille était rusée et elle avait tout deviné! Elle pétrit la pâte, puis perça un trou en haut du four et y jeta la pâte ! La vieille servante s'empressa de tout répéter à ses maîtresses, et celles-ci aussitôt firent de même. La grenouille d'un bond sauta sur le perron, redevint Vassilissa la Sage, puis dans ses mains elle frappa: «Mes nounous, hâtez-vous, préparez-vous ! Faites cuire pour demain un bon pain blanc, le pain blanc que je mangeais chez mon père.» Lorsque le prince Ivan s'éveilla le lendemain matin, il trouva sur la table un pain merveilleusement décoré: des arabesques étaient incrustées, sur ses flancs et dessus se dressaient des villes entourées de leurs remparts. Comme il se réjouit! Il enveloppa le pain dans une grande serviette et l'apporta à son père. Le roi était en train de recevoir les pains que lui apportaient ses fils aînés. Mais leurs épouses avaient mis la pâte au four comme le leur avait dit la vieille servante et n'avaient ainsi obtenu qu'une horrible saleté complètement brûlée. Le tsar prit le pain que lui tendait son fils aîné, le regarda et le renvoya à l'office. Puis il prit le pain que lui tendait son fils cadet, et le renvoya aussi à l'office. Mais lorsqu'il vit le pain du prince Ivan, le roi s'écria: «Voilà un pain à manger les jours de fête ! » Et le roi convia ses trois fils à venir le lendemain, avec leurs épouses, assister à un festin. Une fois de plus le prince Ivan s'en revint chez lui tout triste et la tête basse. Et la grenouille sur le plancher de sauter et lui demander: «Pourquoi as-tu du chagrin, prince Ivan, ton père t'aurait-il mal accueilli?» «Grenouille, grenouillette, comment ne pas m'attrister? Mon père ordonne que j'assiste demain avec toi à un festin, mais à qui oserai-je te montrer?» La grenouille répondit: «Ne t'afflige pas, prince Ivan, rends-toi seul au festin, moi, je te rejoindrai plus tard.» Lorsque tu entendras un grand bruit de tonnerre, ne t'effraie pas. Si on t'interroge, réponds: «C'est ma grenouillette qui arrive dans sa cassette.» Le prince Ivan alla donc seul au festin. Ses frères aînés arrivèrent avec leurs épouses bien vêtues, fort parées, les joues et les sourcils fardés. Ils rirent et se moquèrent du prince Ivan : «Pourquoi donc es-tu venu sans ta femme? Tu aurais pu nous l'amener dans un mouchoir! Où donc as-tu trouvé une telle beauté? Tu as dû longtemps chercher de par tous les étangs!» Le roi, ses fils, leurs épouses et les invités s'assirent autour des tables de chêne couvertes de nappes brodées, et tous se mirent à festoyer. Mais on entendit soudain un grand bruit de tonnerre qui fit trembler tout le palais. Les invités épouvantés se levèrent d'un bond, mais le prince Ivan les rassura :«Ne craignez rien, chers invités; c'est ma grenouillette qui arrive dans sa cassette.»Une calèche dorée, par six chevaux blancs- traînée, vint s'arrêter aux portes du palais ; et voilà qu'en sortit Vassilissa la Sage, vêtue d'une robe azurée ornée d'étoiles et portant sur la tête un croissant de lune; sa beauté était bien plus grande que ne peuvent la décrire contes ou légendes. Elle prit le prince Ivan par la main et le mena vers les tables de chêne couvertes de nappes brodées. Et tout le monde se remit à manger, à boire et à se réjouir. Vassilissa la Sage prit un verre, but, puis versa le vin qui restait dans sa manche gauche. Elle mangea un morceau de cygne et jeta les os dans sa manche droite. Les épouses des fils aînés virent sa ruse et l'imitèrent ! Après avoir bu et mangé, on se mit à danser. Vassilissa la Sage prit le prince Ivan par la main et le conduisit au milieu de la salle. Elle dansa, dansa, tourna, tourna, et tout le monde s'émerveilla. Un geste de sa main gauche, et un lac apparut. Un geste de sa main droite, des cygnes blancs nagèrent. Le roi, ses invités, tous furent enchantés. Puis les épouses des fils aînés se mirent elles aussi à danser: un geste de la main gauche, et le vin jaillit de leur manche pour éclabousser les pauvres invités. Un geste de la main droite, et de leur manche s'échappèrent les os; l'un d'eux atterrit en plein dans l'œil du roi. Celui-ci, courroucé, chassa ses deux belles-filles. Pendant ce temps, le prince Ivan s'en était allé discrètement; chez lui, il retrouva la peau de grenouille et la brûla. R.Moisséyev. "Reine-grenouille"Assiette décorative. 2000. Palekh Une fois rentrée, Vassilissa la Sage se mit à chercher la peau de grenouille, mais elle ne put la trouver. Affligée, désespérée, elle s'assit sur un banc et déclara au prince Ivan : «Hélas, hélas, prince Ivan, qu'as-tu fait! Si tu avais attendu encore trois jours, j'aurais été à toi pour toujours, mais maintenant je dois te dire adieu. Pour me retrouver il te faudra aller au-delà des mers et des terres, chez Kochtchéi l'Immortel.» Vassilissa la Sage se transforma en un coucou gris et s'envola par la fenêtre. Le prince Ivan pleura longtemps, puis il s'inclina vers le Nord, l'Occident, le Sud et l'Orient et partit droit devant lui pour retrouver son épouse Vassilissa la Sage. Alla-t-il loin, bien loin ou très près, marcha-t-il longtemps, bien longtemps ou un bref moment... ses bottes étaient toutes usées, sa tunique déchirée, sa toque rongée par les pluies. Il rencontra alors un petit vieux chargé d'ans. «Bonjour, brave jeune homme! Que cherches-tu et où vas-tu?» Le prince Ivan lui raconta ses malheurs. Le petit vieux lui dit alors: «Ah, prince Ivan, pourquoi as-tu brûlé la peau de grenouille? Ce n'est pas toi qui la lui avais mise, ce n'était pas à toi de l'ôter. Vassilissa la Sage est maligne, sa sagesse est plus grande encore que celle de son père. Celui-ci s'en est vexé et il l'a condamnée à être grenouille trois années durant. Qu'y faire! Prends la pelote que voici et où elle roulera, hardiment suis-la.» Le prince Ivan remercia le petit vieux et suivit la pelote. Et la pelote de rouler, et le prince de marcher. En pleine campagne, il rencontra un ours; il le visa et voulut le tuer. Mais l'ours soudain se mit à parler: «Ne me tue pas, prince Ivan, je te serai utile un jour.» Le prince Ivan eut pitié de l'ours et ne le tua pas. Il continua son chemin. Soudain que vit-il?... Un canard sauvage qui volait vers lui. Il le visa. Mais le canard se mit à parler et lui dit: «Ne me tue pas, prince Ivan, je te serai utile un jour.» Le prince Ivan eut pitié du canard sauvage et continua son chemin. Soudain voilà qu'accourut un lièvre. Le prince Ivan s'apprête à lui décocher une flèche, mais le lièvre se mit à parler et lui dit : «Ne me tue pas, prince Ivan, je te serai utile un jour.» Ivan eut pitié du lièvre et continua son chemin. Il arriva au bord de la mer bleue et vit un brochet sur le sable ; celui-ci respirait à peine et lui dit : «Oh, prince Ivan, aie pitié de moi, rejette-moi dans la mer bleue!»Il rejeta le brochet à la mer et continua de marcher sur le rivage. Longtemps, longtemps ou un bref moment... La pelote continua de rouler et l'emmena dans une forêt. Là se dressait une isba montée sur des pattes de poulet et qui ne cessait de tourner. «Isba, petite isba, reprends ta place, celle qui t'a été donnée: tourne le dos à la forêt et tourne vers moi ton entrée.» La petite isba tourna le dos à la forêt et vers Ivan son entrée. Le prince Ivan entra et que vit-il?... Sur le poêle, sur la neuvième brique, était couchée la sorcière Baba-Yaga : ses énormes dents acérées traînaient jusqu'au plancher, son nez crochu et démesuré montait jusqu'au plafond ! «Que me veux-tu, bon jeune homme? Accomplis-tu un haut fait, ou fuis-tu quelque méfait?» «Eh là! La vieille, donne-moi à boire, nourris-moi, prépare-moi un bain, et ensuite tu me questionneras!» Baba-Yaga lui prépara un bain, lui donna à manger, puis le mit au lit ; alors le prince Ivan lui raconta qu'il cherchait son épouse Vassilissa la Sage. «Je sais, je sais, dit Baba-Yaga , ton épouse est chez Kochtchéi l'Immortel. La retrouver sera compliqué, tuer Kochtchéi n'est pas chose aisée: sa mort est au bout d'une aiguille, cette aiguille est dans un œuf, cet œuf est dans une cane, cette cane est dans un lièvre, ce lièvre est dans un coffre de pierre, ce coffre est sur un très haut chêne, et ce chêne, Kochtchéi l'Immortel le garde comme la prunelle de ses yeux. » Le prince Ivan passa la nuit chez la sorcière Baba-Yaga ; le lendemain matin, elle lui expliqua où se trouvait le grand chêne. Marcha-t-il longtemps, longtemps ou un bref moment..., enfin le prince Ivan arriva en un lieu où il vit un grand chêne qui murmurait dans le vent, et sur le chêne un coffre de pierre fort difficile à atteindre. Soudain, venu l'on ne sait d'où, arriva un ours qui déracina le grand chêne. Le coffre tomba et se brisa. Un lièvre bondit du coffre et s'enfuit à toute allure. Un autre lièvre bondit à sa poursuite, le rattrapa et le mit en pièces. Une cane sortit du lièvre et s'envola haut, très haut dans le ciel. Mais un canard sauvage s'élança et frappa la cane qui laissa alors tomber un œuf, et l'œuf se perdit dans la mer bleue... Le prince Ivan se mit à pleurer amèrement: comment retrouver un œuf dans la mer! Mais un brochet s'approchait du rivage, l'œuf entre les dents. Le prince Ivan cassa l'œuf et en sortit l'aiguille dont il brisa la pointe. Il la brisa, et Kochtchéi l'Immortel se démena et se débattit. Mais il eut beau se démener, le prince Ivan parvint à ses fins. Ainsi mourut Kochtchéi. Le prince Ivan pénétra dans le palais blanc de Kochtchéi. Vassilissa la Sage accourut vers lui et embrassa ses lèvres de miel. Le prince Ivan et Vassilissa la Sage s'en revinrent chez eux, où ils vécurent longtemps et furent très heureux. | |
| | | 59pili
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| Sujet: Re: HISTOIRES D'EAUX et de mares aux grenouilles Mer 8 Sep - 8:50 | |
| La migration des grenouilles Frogue, la reine des grenouilles rousses, après avoir écouté son conseiller d'humidité, son conseiller à la durée du jour et de la nuit, son conseiller d'orientation, son conseiller à la circulation, son conseiller à l'avancement de la saison et tous ses autres conseillers, prit enfin sa décision. " C'est pour ce soir ! " coassa-t-elle à l'assemblée impatiente de ses courtisans. Aussitôt, comme tous les ans depuis un million d'années, la nouvelle se propagea à la vitesse du feu sur une traînée de poudre, de bouche de grenouille à oreille de grenouille, à grands coups de sacs vocaux. Alors, de toutes les mares et de tous les bénitiers alentour, affluèrent des milliers et des milliers de batraciens excités comme des poux à l'idée d'entreprendre la grande croisade amoureuse qui finissait toujours par de nombreux mariages d'anoures. Frogue avait calculé que, pour se rendre au grand marécage nuptial, il lui faudrait exécuter pas moins de quinze mille sauts de grenouille, traverser trois chemins vicinaux, une route départementale et surtout la dangereuse grande route nationale : un voyage de plus de quatre kilomètres : plus de douze heures d'efforts ! Elle en était épuisée d'avance mais ne le montrait pas : une reine doit donner l'exemple du courage et de l'énergie. Elle attendit la tombée de la nuit et de l'humidité pour donner le signal du grand départ. Sylvain Levert roulait sur la grande route nationale au volant de son camion de trente tonnes et sifflotait gaiement. Les affaires marchaient bien pour lui, tout allait comme sur des roulettes. lI était son propre patron et sa petite entreprise de transport prospérait. Sylvain préférait la conduite de nuit à cause de la circulation beaucoup plus réduite que dans la journée, et aussi parce qu'il aimait l'ambiance un peu magique du clair de lune sur la campagne embrumée. Il aimait découvrir dans la lumière de ses projecteurs la fuite du lapin de garenne, le démarrage d'une biche, l'esquive du renard, l'imperturbable traversée de la laie suitée de ses marcassins, la course trotte-menu du hérisson à la recherche des limaces de ses médianoches. Lorsqu'un animal traversait la route, Sylvain freinait toujours à temps car il respectait la vie en toutes circonstances. Soudain, là-bas, à la limite de la puissance de ses projecteurs de route, il vit quelque chose de bizarre qui bougeait sur le goudron de la nationale. Sylvain actionna son frein électrique et alluma les phares à longue portée de son véhicule. " Des feuilles mortes poussées par la brise nocturne ? " se demanda-t-il en concentrant son attention sur le phénomène ; non, sûrement pas, cela avançait par soubresauts, par petits bonds d'une vingtaine de centimètres. Sylvain stoppa son véhicule dans le pchittement de ses compresseurs, établit ses feux de détresse et sortit de la cabine. Devant lui, ploc ploc, sur plus de cinquante mètres de route, ploc ploc, sans apparemment se soucier des centaines de cadavres aplatis de leurs semblables, ploc ploc, des milliers de grenouilles rousses traversaient, ploc ploc ploc, la grande route nationale. Face à lui, les phares d'une voiture grossirent rapidement, le véhicule passa comme un bolide, écrasant au passage une dizaine de batraciens supplémentaires, navrant le cœur tendre de Sylvain qui montra le poing aux feux rouges de l'inconscient. Il manœuvra et mit son camion au milieu de la route. Derrière lui, freina un autre routier. - Des ennuis, camarade ? - Regarde ! - Oui, alors ? Ce ne sont que des grenouilles qui traversent la route ! - Ces grenouilles vont se reproduire dans les marais de La Palud... - Oui, bon, d'accord collègue, mais ce n'est pas cela qui fait avancer mon camion. Si tu n'as pas d'ennuis mécaniques, libère-moi la route ! - Sais-tu que pour deux grenouilles écrasées, c'est plus de mille têtards qui ne verront pas le jour ? - C'est fort probable... - Sais-tu qu'une grenouille mange plus de dix insectes par jour ? - Si elle aime ça, pourquoi pas, mais... - Sais-tu que mille grenouilles écrasées, c'est un million de têtards en moins ? - C'est ennuyeux pour eux, mais moi... - Un million de têtards en moins, c'est un million de grenouilles qui n'existeront jamais donc dix millions d'insectes qui chaque jour ne seront pas mangés ! - Et toi, sais-tu que je dois faire ma livraison ? - En un seul été, au bas mot, plus d'un milliard de mouches, moustiques et autres taons qui n'étant pas mangés vont donc proliférer et propager bien des épidémies. - Et toi, sais-tu que chaque minute de retard me coûte de l'argent ? Garde tes belles idées mais range ton bahut, camarade, que je puisse passer... - Tu veux rouler sur les grenouilles ? - Oui ! Heu non... Combien de temps va durer ta migration ? - Toute la nuit peut-être... - Mais je ne vais pas attendre toute la nuit ! Arrête de rêver et redescends sur terre, j'ai besoin de travailler. Tu me laisses le passage où j'appelle la gendarmerie. - Appelle qui tu voudras. Personne ne passera ! - Que se passe-t-il ici ? Une manifestation ? - Messieurs les gendarmes, c'est ce loufoque qui barre la route pour sauver des grenouilles ! - Entrave à la circulation, procès-verbal ! Rangez votre camion ! - Je ne le rangerai que lorsque le flot des grenouilles sera passé ! - Refus d'obtempérer, procès-verbal ! Remettez-nous vos clés ! - Je ne les trouve plus, j'ai dû les égarer. - Résistance à la force publique, procès-verbal ! - Tous vos procès-verbaux ne font rien avancer. J'accepte de bouger si de votre côté vous acceptez de convoquer la presse pour qu'elle puisse constater le massacre inutile. - Donner des ordres aux forces de l'ordre, voilà un fier aplomb ! - De quelque façon que ce soit, la presse le saura. Si vous n'acceptez pas, je ne retrouverai pas mes clés ; la circulation sera bloquée jusqu'aux villes voisines et le journal local voudra savoir pourquoi ! - La libre circulation a toute priorité. - Les grenouilles passaient ici bien avant que l'homme ne crée cette route. Ce sont elles qui ont priorité ! - Pourquoi agir ainsi ? Que vous importent les grenouilles ? - Chaque espèce animale régule la vie des autres et sa disparition n'est pas sans conséquence sur la vie des humains. Enlevez les grenouilles, enlevez les oiseaux et les insectes prolifèreront, mangeront les récoltes, véhiculeront toutes sortes de maladies et finiront par dominer la terre. - Et que proposez-vous pour sauver la planète ? - Que l'on crée un passage, un simple pont fait de quelques tuyaux passant sous le goudron pour que ces gentils animaux puissent vivre leur vie sans se faire écraser. Que tout ceci soit dit dans vos procès-verbaux et que dès demain matin la presse s'en fasse l'écho. D'ailleurs maintenant vous pouvez constater que les dernières grenouilles sont en train de passer et, par un bienheureux hasard, je viens de retrouver mes clés ! Conte de Daniel Déjardin | |
| | | Gabychounette10
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| Sujet: Re: HISTOIRES D'EAUX et de mares aux grenouilles Mer 8 Sep - 15:18 | |
| LA GRENOUILLE AMOUREUSE Il court dans le bois de Magicolande une belle légende. Nous allons laisser le Mage Taupe nous la raconter, il est fort au courant de ces questions et il vit, depuis beaucoup d'années, dans ces mystérieux parages. Oh là, amis ! Je vais vous raconter la belle histoire de Grenouillette, qui tomba amoureuse de la lune froide et distante qui illuminait les nuits de Magicolande de son large visage couvert de volcans. Quelle plus grande tragédie, amis lecteurs, que de tomber amoureux de quelqu'un qu'on ne peut toucher ni caresser, qu'on ne peut même pas sentir proche et vivant ? Maintenant vous comprenez la douleur et la tristesse de la pauvre Grenouillette, n'est-ce pas ? Nuit après nuit, elle coassait désespérément, essayant de se faire entendre de son aimée. Mais, hélas ! seul le plus grand des silences lui répondait. Grenouillette languissait de plus en plus.. et ses concitoyens s'irritaient chaque fois davantage, car, Grenouillette, étrangère à tout, sauf à son amour, ne laissait dormir aucune bestiole vivant dans le bois. Comme toutes virent que leurs protestations ne servaient à rien, elles se mirent à coasser en même temps, en réponse aux chants d'amour de Grenouillette. Ainsi passa le temps. Grenouillette, l'amoureuse fidèle, mourut de mélancolie, tandis que la lune indifférente restait à sa place habituelle. Depuis lors, beaucoup de grenouilles romantiques, suivant son exemple, tombent éperdument amoureuses de la lune et coassent pendant les nuits. À leur tour, les pauvres compatriotes répondent de la même façon, irritées, et voilà la cause du concert que, par n'importe quelle nuit de lune, vous pouvez tous écouter ! Adieu, petits amis ! dit le Mage Taupe avant de s'estomper dans l'air. | |
| | | 59pili
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| Sujet: Re: HISTOIRES D'EAUX et de mares aux grenouilles Lun 13 Sep - 9:31 | |
| La Grenouille qui avait un puits Conte Chinois Il était une fois, une grenouille qui vivait dans un puits peu profond. - Regarde comme je suis bien ici ! dit-elle à une grosse tortue de mer. Je peux sauter sur le bord du puits quand je sors et me reposer dans la crevasse d'une brique quand je reviens. Je peux me prélasser avec seulement ma tête hors de l'eau ou me promener sur la boue, de l'eau jusqu'aux chevilles. Aucun crabe, aucun têtard n'est mieux loti que moi. Je suis maître de l'eau et la reine du puits. Que demander de plus ? Pourquoi ne viendrais-tu pas t’installer ici pour avoir du bon temps, à ton tour ? République de Chine - Scott 3195 Avant même que la tortue de mer ne puisse mettre tout son corps dans le puits, elle accrocha la paroi avec sa griffe. Alors elle s'arrêta, recula et commença à parler de son l'océan à la grenouille. Il est large de plusieurs milliers de miles et profond de plus de dix milles pieds. Dans les temps anciens il y avait des crues neuf ans sur dix et pourtant le niveau de l'océan n'est jamais monté. Plus tard il y a eu des sécheresses sept ans sur huit et pourtant le niveau de l'océan n'a jamais baissé. Il est resté constant tout le temps. C'est pour cela que j'aime vivre dans l'océan.Alors la grenouille resta silencieuse et se sentit un peu abattue dans son puits trop étroit. | |
| | | Gabychounette10
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| Sujet: Re: HISTOIRES D'EAUX et de mares aux grenouilles Jeu 16 Sep - 1:57 | |
| LA PETITE GRENOUILLE
La tempête est finie et le soleil, plus brillant que jamais se montre entre les nuages. Quelle splendeur dans la forêt ! Mille gouttes tremblantes de pluie brillent ici et là, sur les feuilles des arbres, sur les saules qui se penchent sur les eaux de l'étang. Comme la Nature est belle, amis ! Petit Orang-outan, fidèle à son habitude, est sorti faire sa promenade, disposé à examiner attentivement tout ce qui lui tombera sous les yeux. Il est ainsi, et grâce à une si grande curiosité, il peut aujourd'hui se vanter d'être un des jeunes les plus savants de la forêt.
Au bord de l'étang il tombe sur Grenouillette, plus jolie que jamais, car l'eau de pluie l'avantage beaucoup. Sa peau, vert clair, séduit Orang-outan, qui entame une conversation animée avec Grenouillette.
- Sais-tu jouer à cache-cache ? lui demande-t-il de but en blanc. - Bien sûr, voyons ! Qu'est-ce que tu crois ! répond Grenouillette, un peu crâneuse. - Eh bien, alors, commence, toi, à compter ! dit Orang-outan, très vivement. Cela importe peu à Grenouillette, de sorte qu'elle obéit à son nouvel ami. Quand c'est au tour à Orang-outan, il a beau chercher, il ne parvient pas à trouver la cachette de Grenouillette. Il ne sait pas qu'il a affaire à une grenouille de Saint-Antoine, qui a la propriété d'adopter la couleur des objets naturels qui l'entourent. Si au début Grenouillette a adopté la couleur du genévrier sur lequel elle s'était cachée, maintenant elle acquiert la couleur gris opaque de ces rochers de granit. Orang-outan n'en finit pas d'être étonné, car lorsqu'il a vu Grenouillette sur les dits rochers, il a cru se trouver devant une autre grenouille. Sa compagne de jeux, après lui avoir expliqué son secret, retourne à l'étang à toute allure, car elle ne peut rester longtemps loin de l'eau. - Adieu, Orang-outan ; nous nous reverrons bientôt ! dit-elle en s'en allant. Celui-ci reste inquiet et silencieux. Le temps qu'il se fasse à l'idée... !Script : Carlos Busquets Adaptation : J. Ignacio Herrera | |
| | | Gabychounette10
Messages : 902 Date d'inscription : 26/04/2010 Age : 66 Localisation : Quelque part dans l'approximatif univers
| Sujet: Re: HISTOIRES D'EAUX et de mares aux grenouilles Lun 20 Sep - 13:48 | |
| Voilà une citation appropriée :
"Le biologiste passe, la grenouille reste." Citation de Jean Rostand ; Inquiétudes d'un biologiste - 1967. | |
| | | Gabychounette10
Messages : 902 Date d'inscription : 26/04/2010 Age : 66 Localisation : Quelque part dans l'approximatif univers
| | | | 59pili
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| Sujet: Re: HISTOIRES D'EAUX et de mares aux grenouilles Mer 20 Oct - 8:48 | |
| Le Génie de la Pluie et la Grenouille Parmi des écueils désolés, au bord de la mer, vivait dans une profonde caverne le Génie de la Pluie, le dragon Mua. L'Empereur du Ciel lui avait donné pour tâche d'arroser la terre. Dès que le niveau des rivières et des fleuves baissait, que l'eau disparaissait des rizières et que le sol durcissait, Mua sortait de sa grotte, se penchait sur le miroir de la mer et buvait à n'en plus finir. Puis il prenait son envol, et recrachait cette eau sous forme d'une pluie bienfaisante partout où le besoin s'en faisait sentir. Malheureusement, Mua était fort capricieux et paresseux de surcroît. S'il décidait soudain qu'il n'avait pas envie d'aller plus loin, il pouvait déverser d'un seul coup toute l'eau qui lui restait sur une région qui n'en manquait pas, et provoquer ainsi des inondations. Plus grave encore, il lui arriva une fois de ne pas mettre le nez dehors durant des semaines. La terre fut bientôt aussi dure que de la pierre, plantes et animaux souffrirent terriblement. Mais alors que toutes les bêtes se résignaient déjà à mourir de soif, la grenouille refusa de subir ce triste sort ; elle décida d'aller trouver l'Empereur du Ciel et de se plaindre à lui des négligences du Génie de la Pluie. En chemin elle rencontra d'abord le crabe, puis le renard, l'ours, le tigre et pour finir l'abeille. Ils essayèrent tous de la faire renoncer à son projet : le voyage était périlleux, et qui pouvait assurer qu'il servirait à quelque chose ? Mais la grenouille était tenace : ce fut elle qui réussit à les convaincre. " Pourquoi attendre sans rien faire que la mort nous emporte ? " leur dit-elle. " Si vous m'accompagnez, nous serons plus nombreux et nos réclamations auront plus de poids auprès de l'Empereur du Ciel. " Les animaux en convinrent et se joignirent à elle. Ensemble, donc, ils arrivèrent au palais céleste. Devant le portail se trouvait un grand tambour. Quiconque estimait que l'injustice régnait dans le ciel ou sur la terre avait le droit de s'en servir. Mais avant que les plaignants ne commencent à taper dessus, la grenouille les arrêta. " Qui sait quel accueil nous allons recevoir ? " dit-elle à ses amis. " Il serait plus prudent que vous vous cachiez à proximité et que vous sortiez quand je vous ferai signe. " Le crabe se traîna jusqu'à une petite mare près de la porte, l'abeille se faufila sous le seuil, le renard, l'ours et le tigre se cachèrent derrière les épaisses colonnes de l'entrée. La grenouille hocha la tête, satisfaite, et frappa le tambour de toutes ses forces. Il s'avéra aussitôt qu'elle avait eu raison de se montrer prudente : l'Empereur du Ciel et les autres divinités étaient en voyage et ce fut le Génie de la Pluie, Mua en personne, qui apparut à la fenêtre. Las de s'ennuyer dans sa caverne, il était venu faire un petit séjour à la Cour céleste et attendait là le retour de ses divins confrères. " Qui ose troubler ainsi mon repos ? " gronda-t-il, avant d'ordonner au garde d'aller voir ce qui se passait. Le garde courut à la porte et revint sur le champ. " C'est la grenouille, Votre Grâce. Elle veut se plaindre à l'Empereur du Ciel que vous ne faites pas votre travail. " " Quelle insolence ! " s'écria le Génie de la Pluie. " Non contente de tambouriner à m'en crever les tympans, elle a encore l'audace de venir plaider contre moi ? " Et la grenouille tambourinait vraiment comme une endiablée, car elle espérait que l'Empereur du Ciel l'entendrait et reviendrait au palais. Or c'était précisément ce que Mua voulait empêcher à tout prix... Il commanda donc au coq céleste de voler jusqu'à la porte et de becqueter cette effrontée jusqu'à ce que mort s'ensuive. Le coq aiguisa ses ergots et s'en alla exécuter sa mission. Alors la grenouille fit vite un petit signe au renard, et en un tournemain le malheureux coq se retrouva tout piteux devant le dragon : de sa belle queue multicolore, il ne lui restait plus que quelques plumes éparses. " Hum, il s'agit là d'une drôle de grenouille, apparemment ! " bougonna Mua d'un ton furieux. " Elle est assise devant la porte, et il lui suffit de s'enfler pour que le coq céleste perde ses plumes ? Non, mais ! Je vais lui montrer qui commande ici, et lancer le chien céleste à ses trousses ! " Cette fois-ci, la grenouille fit signe à l'ours. Dès que le chien s'approcha, le gros animal surgit de derrière son pilier et lui donna de ses pattes griffues une accolade que l'animal céleste n'oublierait pas de sitôt... Son travail accompli, et le chien parti en trombe, l'ours réintégra sa cachette comme le renard l'avait fait avant lui. " Je vais enfin pouvoir me reposer en paix ! " se disait au même moment Mua, satisfait. Mais un coup d'oeil par la fenêtre lui prouva à quel point il se trompait : le chien céleste revenait, l'échine hérissée et la queue entre les pattes, tandis que la grenouille se gonflait au maximum pour reprendre son concert. " Garde ! " vociféra le dragon. " Vas-y toi-même et règle son compte à cette impudente ! " Le garde s'inclina, empoigna une lourde lance et prit la forme d'un serpent de feu pour aller jusqu'à la porte. Sur un signe de la grenouille, l'abeille vola hors de sa cachette et le piqua à l'oeil. Le serpent hurla de douleur, si fort que les piliers de pierre qui soutenaient le palais céleste en tremblèrent. " Ah ! Le garde pousse son cri de victoire ", se dit le dragon. Mais le malheureux avait bien autre chose à faire : il voulut rafraîchir son oeil enflé dans la mare. Le crabe sauta sur l'occasion et se mit à pincer tout ce qui était à sa portée ! Alors le pauvre garde se remit à hurler au point d'en ébranler les murs. " Ce n'est qu'une victoire sur une grenouille ordinaire ! Il la fête un peu bruyamment à mon goût ", songea le dragon. Devant la porte, le garde essayait de retrouver la terre ferme pour se sauver. Mais avant qu'il ait pu essuyer l'eau qui l'aveuglait, l'ours et le tigre se jetèrent sur lui. Le malheureux ne savait plus ce qui lui arrivait : où qu'il allât, où qu'il se tournât, ce n'étaient que morsures et piqûres, pincements et coups de griffes. Car le renard et l'abeille, bien entendu, n'entendaient pas demeurer en reste ! Et quand, par-dessus le marché, il entendit la grenouille crier : " Bon, à présent donnez-moi mon bâton, que je lui apprenne à vivre ! " il détala comme une flèche vers le palais. Le Génie de la Pluie était justement à la fenêtre. Ce qu'il vit figea son sang de dragon dans ses veines : le garde revenait en courant comme un fou, à demi-aveuglé, les traits déformés par la terreur. Et derrière lui, sur le seuil du palais, la grenouille s'enflait et coassait : " Si le Génie de la Pluie ne se remet pas sur le champ au travail, il va voir ce qu'il va voir ! " Et boum, boum, boum ! le tambour retentit à nouveau dans un vacarme assourdissant. " Que se passe-t-il donc ici ? ", lança soudain la voix tonitruante de l'Empereur du CieL " Qui endure une injustice à ce point insupportable que la voix du tambour m'ait fait revenir de l'autre bout du monde ? " " C'est moi qui ai tambouriné ", avoua courageusement la grenouille. Et elle expliqua sans détours au Maître du Ciel les raisons de sa plainte. L'Empereur fronça les sourcils, mécontent, et jeta un regard sévère au Génie de la Pluie. Celui-ci s'était fait tout petit ; s'il l'avait pu, il se serait volontiers changé en un minuscule lézard afin de disparaître dans la première fente venue. " Redescends tout de suite et exécute ta mission ! " lui ordonna son Maître. " Et quand tu auras terminé, reviens me trouver pour subir ton châtiment ! " Le dragon Mua s'envola donc, et la Divinité suprême put alors mesurer les dégâts causés par la grenouille et ses amis. Le garde, le chien et le coq célestes n'étaient vraiment pas beaux à voir... " Je dois reconnaître qu'une grande injustice s'est produite dans le ciel et sur la terre ", déclara l'Empereur, se tournant vers la grenouille. " Si Mua, à l'avenir, se montrait coupable d'autres négligences, ne te donne pas la peine de revenir ici. Contente-toi de coasser très fort, cela suffira. Le Génie de la Pluie se souviendra aussitôt de ce qu'il a à faire. " La grenouille le remercia et s'en retourna chez elle avec ses amis. Quant à Mua, il fut sévèrement puni : dès qu'il eut fini d'arroser la terre, il rentra dans sa caverne où quatre démons s'emparèrent de lui. Alors le coq céleste se mit à le picorer de son bec pointu jusqu'à ce qu'il ne lui restât plus le moindre bout de peau en bon état. Depuis lors, quand il fait trop sec, les grenouilles n'ont qu'à coasser : le Génie de la Pluie en a aussitôt la chair de poule et s'empresse de se remettre au travail. Et si un jour, malgré tout, sa paresse reprenait le dessus, ce serait l'Empereur du Ciel en personne qui le rappellerait à l'ordre... car il n'a pas la moindre envie de recevoir une nouvelle visite de la grenouille. Depuis ce temps-là aussi, les hommes vénèrent les grenouilles. Et certains prétendent même qu'elles sont apparentées à l'Empereur du Ciel. Conte Vietnamien ( http://viet.now.free.fr/homepage/pagedivers/pagepensebete/pagemoi.htm ) | |
| | | Gabychounette10
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| Sujet: Re: HISTOIRES D'EAUX et de mares aux grenouilles Lun 25 Oct - 15:28 | |
| Les deux grenouilles ! Un groupe de grenouilles voyageait à travers les bois quand deux d'entre elles tombèrent dans un trou profond. Quand les autres grenouilles virent la profondeur du trou, elles firent part aux deux grenouilles qu'elles étaient perdues. Les deux grenouilles ignorèrent les commentaires et essayèrent de toutes leurs forces de sauter en dehors du trou. Les autres grenouilles leur conseillèrent d'arrêter leurs efforts... que cela ne servirait à rien. Finalement, une des deux grenouilles tint compte du discours majoritaire en abandonnant sa lutte et se laissa mourir. L'autre grenouille continua de sauter aussi fort qu'elle le pouvait. Une fois de plus, la foule de grenouilles lui hurla d'arrêter de souffrir et d'accepter son sort. Pourtant, celle-ci sauta encore plus fort et finalement réussit à sortir du trou. Les grenouilles en restèrent perplexes !! La grenouille leur expliqua qu'elle était sourde et que durant tout ce temps, elle pensait qu'elles l'encourageaient. Certes, souvent il est plus facile d'enlever à un autre le courage de continuer dans des moments difficiles... que de prendre le temps de l'encourager et de rester disponible à ses côtés ! Optez pour des paroles positives pour ceux qui croisent votre chemin... essayez... cela en vaut la peine !
Johann Wolfgang Von Goethe (1749-1832) | |
| | | 59pili
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| Sujet: Re: HISTOIRES D'EAUX et de mares aux grenouilles Mar 26 Oct - 9:46 | |
| JOLI , Ma Raine ! ^ En fait tu m'as devancé ! ^^ Mais j'en ai d'autres | |
| | | Gabychounette10
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| | | | Gabychounette10
Messages : 902 Date d'inscription : 26/04/2010 Age : 66 Localisation : Quelque part dans l'approximatif univers
| Sujet: Re: HISTOIRES D'EAUX et de mares aux grenouilles Mer 10 Nov - 14:26 | |
| Baltazar le têtard Baltazar est un têtard qui ne devient grenouille que dans son corps. Dans sa tête, il reste toujours un têtard. Pas grave ! Les parents sont là pour subvenir à ses besoins… Jusqu’au jour où ceux-ci disparaissent… Baltazar est alors obligé de se débrouiller tout seul pour vivre…
Baltazar était un jeune têtard, né récemment dans le marais. Il grandit et fut bientôt doté d’une grosse tête avec, accrochée derrière, une petite queue, agile et dynamique. Avec elle, il allait partout où il voulait : sous les pierres où il se cachait, dans les algues autour desquelles il slalomait… C’était super ! Que c’était bien la vie de têtard : pas de soucis, rien que des jeux, et une prise en charge totale par papa et maman pour tout ce qui était contraignant. Baltazar pensa qu’il était très bien ainsi, et qu’il ne voulait plus grandir. Il désirait rester têtard toute sa vie durant… Les grands, ils étaient trop sérieux, toujours à travailler, ce n’était pas marrant ! Mais la nature fit ce qu’elle avait à faire. Bientôt, il devint une grande et belle grenouille. Ça, c’était son aspect physique… Mais dans sa tête, tout était resté bloqué à son âge de têtard. Il continuait à s’amuser, à bondir à droite, à gauche, en riant, et à jouer à cache-cache avec ses amis les têtards. Pour le manger, c’était ses parents qui le nourrissaient encore. Ils allaient chasser pour lui, des mouches, des araignées… et lui donnaient tendrement leur récolte. C’était toujours leur grand fils, après tout. Mais, l’âge croissant, les parents de Baltazar devinrent de plus en plus vieux. Il leur était désormais difficile de chasser, leurs vieilles jambes étant moins lestes qu’avant. Et un jour, le cycle de la vie les emporta quelque part dans le ciel. Baltazar se retrouva seul : une grenouille-têtard, qui ne savait pas se débrouiller toute seule… Pour la première fois de sa vie, Baltazar fut confronté à quelque chose d’autre que les jeux et les rires. La tristesse d’abord du départ de ses parents, qui l’avaient abandonné… Et l’inquiétude sur son sort. - «Bof, je n’aurais qu’à chasser quand j’en aurais besoin, ça ne doit pas être difficile, après tout…» Quand il eut faim, très faim, il décida de chasser. Une fois, il bondit pour attraper une mouche en l’air, mais la rata… et atterrit brutalement dans l’eau. Splasch ! Quel plat, mes aïeux ! Il essaya à nouveau, mais échoua encore… Il vit les autres grenouilles attraper des proies facilement, et cela le mit en rogne : finis les jeux, terminée l’insouciance ! Quelle galère ! Ses petits amis, les têtards vinrent le chercher pour jouer, mais cette fois, Baltazar leur dit : - «Non, je ne viens pas jouer, aujourd’hui…» - «Ah bon, pourquoi ? » questionnèrent les têtards. - «Parce que je dois devenir grand, voilà…» répondit Baltazar. - «Mais tu es déjà grand ! » fit remarquer un jeune, «et même plutôt costaud, à te voir !» - «Plus pour longtemps, assurément… Vous allez me trouver ridicule, mais je n’ai jamais voulu apprendre à me nourrir, alors… Je ne sais pas comment m’y prendre !» - «Ben ça alors ! Si on avait su ! Baltazar, incapable de subvenir à ses besoins !» - «Oui, et c’est bien triste… Je regrette maintenant d’avoir refusé l’apprentissage de la vie !» pleurnicha Baltazar. - «Mais ne t’inquiète pas…» dit une petite têtarde aux longs cils. «Il n’est pas trop tard… Tu vas apprendre avec nous !» - «Mais non, je suis trop grand, on ne me voudra pas. C’est fichu ! Au revoir les amis !» Et Baltazar s’en détourna, les épaules voûtées, le dos courbé. - «Attends !» cria le plus âgé de la bande, «nous, nous allons te donner des leçons, à la place du temps que l’on passait à jouer !» - «Excellente idée !» renchérit un autre, «moi, je sais déjà plein de choses, comment faire le guet sans bouger, surveiller l’horizon juste en tournant les yeux…» - «Allons-y !» s’exclama un troisième, «Première leçon ! Allez, en place, Baltazar !» Et ce fut ainsi que Baltazar apprit sur le tard comment on devenait adulte. Finalement, c’était plutôt intéressant, les leçons de la vie, enrichissant même… Ses amis têtards devinrent grands à leur tour, et, forts de leur expérience, enseignèrent à leur tour aux jeunes générations comment vivre dans le marais. Un papi grenouille les aidait, et devinez de qui il s’agissait ? Mais de Baltazar, bien sûr !Créé le 3 août 2004 par Valérie Bonenfant | |
| | | 59pili
Messages : 91 Date d'inscription : 25/04/2010 Age : 104 Localisation : Pile-Poil au centre d'un Nord multiculturel
| Sujet: Re: HISTOIRES D'EAUX et de mares aux grenouilles Lun 29 Nov - 16:26 | |
| Spécial dédicace à Notre Reine : Elle comprendra la parabole ! LE LION QUI VOLAIT Conte Sud-Africain Dans les temps très anciens le lion savait voler et à cette époque aucun animal ne pouvait lui résister. Il était alors très attentif au fait que les os des animaux qu'il attrapait ne soient jamais brisés. Ainsi, pour s'en assurer, il chargeait un couple de corbeaux blancs de garder leurs os et leur carcasse chaque fois qu'il partait à la chasse. Un jour, la Reine des Grenouilles, lasse de cette situation, se présenta devant l'antre du lion et dît : « Pourquoi la raison du plus fort est-elle toujours la meilleure ? Pourquoi hommes et animaux ne peuvent-ils vivre librement ? ». Alors elle cassa et brisa tous les ossements. Elle ajouta : "Dites au lion, quand il reviendra, que je vis dans l'étang voisin. S’il veut me voir, il faudra qu’il s'y rende". Le lion était alors en embuscade, prêt à bondir sur sa proie, mais quand il voulut prendre son envol pour la capturer, patatras, il n'y arriva pas. Furieux et inquiet, il comprit que quelque chose n'allait plus dans sa grotte et il rejoignit rapidement sa tanière. Quand il y arriva, il demanda aux corbeaux blancs : « Qu'avez vous fait, malheureux, pour que je ne puisse plus voler ? Avec un certain plaisir, les corbeaux lui répondirent : Quelqu'un est venu, a brisé les os et a dit « s’il veut me voir, je suis dans l'étang voisin'". Plein de rage, le lion courut jusqu’à l'étang et essaya d'attraper la Reine des Grenouilles qui l’attendait au soleil sur une feuille de lotus. « Vous faites beaucoup trop de bruit » dit-elle malicieusement et elle plongea dans l'eau de l'étang. C’est depuis ce jour que le lion marche sur ses pattes et ne peut plus voler. | |
| | | Gabychounette10
Messages : 902 Date d'inscription : 26/04/2010 Age : 66 Localisation : Quelque part dans l'approximatif univers
| Sujet: Re: HISTOIRES D'EAUX et de mares aux grenouilles Mar 21 Déc - 0:29 | |
| LES GRENOUILLES DU BÉNITIER L’aventure d’une bande de jeunes grenouilles, parties à la recherche de leur mare à elles… Pas si simple de trouver un point d’eau où boire et se baigner… Pourtant, il y a des hommes… alors forcément il doit y avoir de l’eau pas loin ! Hé bien oui, le raisonnement est juste ! Les grenouilles vont trouver de l’eau… qui plus est bénite !
Il était une fois des grenouilles en mal d’étendue d’eau. Elles avaient quitté leur mare de naissance, voilà plusieurs mois, pour vivre leur vie et découvrir autre chose. Au début du voyage, le groupe était tout joyeux, fier du défi qu’ils se lançaient à eux-mêmes. C’était vrai, quoi ! Aussi jeunes, quitter leurs parents, et leur environnement cocon, c’était quand même courageux ! Tous les jeunes n’en faisaient pas autant ! La bande bondissait donc joyeusement vers l’aventure. Cela faisait maintenant plusieurs mois qu’ils étaient partis, et ils n’avaient toujours pas trouvé de point d’eau. Les sauts étaient moins enthousiastes, plus lourds, moins hauts. -«Incroyable !» dit Foodmer, «faut croire que notre mare était le seul point d’eau de la région…» -«Ce n’est pas possible, il y a des hommes ici. Or, ils ont besoin de boire… Donc, il y a forcément de l’eau quelque part… Le tout est de la trouver….» réfléchit Simon, l’intellectuel de la bande. -«Ça suffit ! Nous ne pouvons plus rester comme ça, sans eau à vivre… Cela fait des mois que nous sommes partis et que nous ne nous sommes pas lavés… L’odeur est intenable… Et c’est tout juste si je vois la carnation de ma belle peau verte sous cette crasse.» se plaignit Crapaudine, une jeune rainette verte. Ils parcoururent encore quelques kilomètres, mais toujours pas de mare à l’horizon, juste un caniveau où de l’eau sale s’écoulait, à l’odeur nauséabonde. -«Beurk ! Hors de question que je me trempe dans une eau pareille… Vous avez vu sa couleur marron baveuse. C’est un coup à se retrouver plein de boutons, ça !» renchérit Crapaudine. -«Regardez, là, la dame avec les cheveux roses, si nous la suivions ? À un moment ou à un autre, elle va bien nous amener à l’eau» proposa Simon -«Bonne idée ! Filons-là, discrètement !» s’enthousiasma Foodmer. Aussitôt, la bande de grenouilles entreprit de suivre la mamie, incognito. L’une bondissait, l’air de rien, à sa droite. Une autre apparaissait, innocemment, à sa gauche. Une troisième faisait des zigzags pour brouiller les pistes… La vieille dame ne s’aperçut de rien. Elle fut suivie ainsi chez le boulanger, puis chez son amie Jeanne, qui se trouva fort incommodée de cette visite. -«Cette Rosalie, elle sent de plus en plus mauvais… Jamais, ça n’avait été aussi pestilentiel ! Ses cheveux roses font illusion. Pour le reste, bonjour les odeurs… Beurk !» Les deux mamies discutèrent un moment, mais Jeanne écourta la conversation, pour cause de nausées trop violentes. -«Ma pauvre amie…» la plaignit Rosalie, «si tu veux, je vais m’occuper de toi. Je peux rester dormir avec toi, ce soir…» -«Surtout pas !» s’écria Jeanne, «ce n’est rien du tout, ne t’inquiète pas ! C’est l’affaire d’une heure, et il n’y paraîtra plus. À plus tard, Rosalie !» ajouta-t-elle, en s’échappant vers sa chambre. Du coup, Rosalie se trouva en avance. Elle n’allait pas rentrer comme ça, chez elle… Alors, elle décida de faire un détour par l’église, histoire de purifier son âme. Derrière elles, un cortège de grenouilles… La vieille dame ouvrit la porte massive du lieu de culte, et entra. -«Hmmmh, comme il fait frais, là !» s’exclama Crapaudine. -«Et les peintures et les sculptures, magnifiques, un vrai plaisir des yeux… !» s’émerveilla Lunix. -«De l’eau ! J’ai trouvé de l’eau !» s’écria Foodmer. Aussitôt, toutes les grenouilles accoururent. Enfin ! Elles avaient déniché leur mare. Certes, elle n’était pas bien grande : comme une grande vasque en pierre. Mais l’endroit était agréable, et cela faisait tellement longtemps qu’elles l’attendaient. Toutes finirent dans l’eau, à patauger gaiement. Les premiers visiteurs de l’église qui plongèrent leurs doigts dans l’eau bénite furent plutôt surpris. -«Quoi ? Des grenouilles dans le bénitier ? Sacrilège !» hurla l’un. -«Vite, appelons monsieur le curé, il faut faire quelque chose. Il y en a plusieurs apparemment…» dit un papi. -«Je vais les mettre dans une cage, et j’irai les jeter dans l’étang bleu !» dit un pompier. Sur ces entrefaites, le curé arriva. -«Stop ! Ne leur faîtes pas de mal, ce sont des créatures de Dieu. Il les a conduit vers le bénitier de notre église. Ce n’est pas sans raison. Ces grenouilles sont bénies de Dieu, elles vont rester là !» dit l’homme de Dieu. Le curé avait parlé, les grenouilles pouvaient s’établir dans le bénitier. Celles-ci prirent tout à fait possession des lieux. L’église et son bénitier étaient désormais leur maison… Quant aux croyants, ils s’habituèrent à cette compagnie nouvelle. Car les grenouilles furent consacrées «bêtes à bon Dieu»… Créé le 12 mai 2007 par Valérie Bonenfant | |
| | | Gabychounette10
Messages : 902 Date d'inscription : 26/04/2010 Age : 66 Localisation : Quelque part dans l'approximatif univers
| | | | Gabychounette10
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| | | | Etienne
Messages : 19 Date d'inscription : 17/08/2011 Age : 28 Localisation : sur une étoile là-haut dans le ciel
| Sujet: Re: HISTOIRES D'EAUX et de mares aux grenouilles Lun 6 Fév - 9:10 | |
| La grenouille qui se veut faire aussi grosse que le boeuf Une grenouille vit un boeuf Qui lui sembla de belle taille. Elle, qui n'était pas grosse en tout comme un oeuf, Envieuse, s'étend, et s'enfle et se travaille, Pour égaler l'animal en grosseur, Disant: "Regardez bien, ma soeur; Est-ce assez ? dites-moi, n'y suis-je point encore ? Nenni - M'y voici donc ? - Point du tout - M'y voilà ? - Vous n'en approchez point." La chétive pécore S'enfla si bien qu'elle creva.Le monde est plein de gens qui ne sont pas plus sages, Tout bourgeois veut bâtir comme les grands seigneurs, Tout prince a des ambassadeurs, Tout marquis veut avaoir des pages. | |
| | | Gabychounette10
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